
Cheba Zahouania, figure emblématique de la musique raï algérienne, est une artiste incontournable qui a marqué les années 80 et 90 avec son style unique et sa voix puissante. Née en 1959 à Oran, elle commence sa carrière dès son plus jeune âge, devenant rapidement une icône du raï féminin, un genre autrefois dominé par les hommes. Ses collaborations avec des légendes comme Cheb Hasni ont donné naissance à des classiques intemporels, contribuant à populariser le raï bien au-delà des frontières algériennes. Zahouania incarne l’audace et la modernité, abordant des thèmes comme l’amour, la liberté et les difficultés sociales, souvent avec une touche d’humour et de provocation. Véritable ambassadrice de la culture algérienne, elle continue de séduire des générations de fans à travers le monde grâce à sa voix chaleureuse et ses performances électrisantes, préservant ainsi l’âme du raï tout en l’adaptant aux sonorités contemporaines.


Vous reconnaitrez Boualem Disco Maghreb, à sa droite DJ Snake et à sa gauche Cheba Zahouania
Biographie de Cheba Zahouania
Cheba Zahouania, de son vrai nom Halima Mazzi, est née le 15 mai 1959 à Oran, Algérie. Elle est l’une des pionnières et des figures les plus emblématiques du raï moderne, un genre musical profondément enraciné dans la culture populaire algérienne. Depuis ses débuts dans les années 1980, elle a marqué de son empreinte le paysage musical maghrébin, notamment en devenant une icône de la chanson raï féminine.
Les débuts
Issue d’une famille modeste, Zahouania a grandi à Oran, ville considérée comme le berceau du raï. Très jeune, elle est attirée par la musique et se lance dans des prestations lors de mariages et de fêtes locales. Son talent naturel et sa voix puissante la distinguent rapidement des autres chanteuses. Elle adopte très tôt le surnom « Zahouania », en référence à un quartier populaire d’Oran.
L’ascension dans le raï
Zahouania se fait remarquer pour son style innovant et audacieux. À une époque où le raï était majoritairement dominé par des hommes, elle impose sa voix et son style, abordant des sujets sociaux, amoureux, et parfois controversés, avec une touche féminine et moderne. Ses chansons, souvent empreintes d’une certaine liberté de ton, attirent une nouvelle génération d’Algériens avides de changement culturel. Dans les années 1980, elle s’impose avec des titres comme “Beraka” et “Ma Andi Zhar Maâak”, qui la propulsent au sommet des charts en Algérie et au-delà.
Le duo mythique avec Cheb Hasni
L’un des moments les plus marquants de sa carrière est sa collaboration avec Cheb Hasni, une autre icône du raï. Ensemble, ils enregistrent en 1986 la chanson “Mazal Mazal”, qui devient un immense succès. Ce duo marque l’histoire de la musique raï, alliant la douceur romantique de Cheb Hasni à la voix plus affirmée de Zahouania. Ils ont continué à collaborer sur plusieurs autres titres qui sont devenus des classiques.
Leur duo représente l’âge d’or du raï sentimental, avec des chansons qui parlent d’amour, de chagrin, mais aussi des réalités sociales difficiles. Cheb Hasni et Zahouania étaient perçus comme les porte-parole d’une jeunesse algérienne en quête d’identité et de modernité. Malheureusement, Cheb Hasni est tragiquement assassiné en 1994, un événement qui affecte profondément Zahouania et toute la scène musicale algérienne.
Le succès international et les collaborations
Avec la montée en popularité du raï à l’international, notamment en France, Zahouania s’exporte au-delà des frontières algériennes. Elle devient une ambassadrice du raï à travers le monde. En France, elle rencontre un succès retentissant, notamment dans la communauté maghrébine. En 1999, elle signe chez Barclay, l’un des plus grands labels de musique en France, et sort l’album “Sahra”, qui lui permet de toucher un public plus large.
En 2011, elle collabore avec le chanteur français Patrick Bruel pour un remake de la célèbre chanson “Café des Délices”, fusionnant ainsi deux cultures musicales dans une chanson poignante et émotive. Zahouania a également collaboré avec Khaled, un autre géant du raï, sur plusieurs titres comme “El Harba Win”, renforçant ainsi son statut de reine du raï.
Anecdotes et moments forts
- Sa confrontation avec les critiques conservatrices : Dans les années 1980 et 1990, Zahouania, comme beaucoup d’autres chanteurs de raï, a dû faire face aux critiques de certains segments conservateurs de la société algérienne. Cependant, elle a toujours défendu la liberté d’expression à travers la musique.
- Son soutien à la jeunesse : Zahouania a toujours été proche de son public, particulièrement des jeunes. Elle considère que la musique raï est un vecteur de liberté et d’émancipation, et elle encourage les jeunes artistes à exprimer leurs vérités à travers leurs chansons.
- Le retour à Oran après la mort de Cheb Hasni : Après l’assassinat de Cheb Hasni en 1994, Zahouania a décidé de revenir à Oran pour soutenir la scène locale et perpétuer l’héritage du raï malgré la période difficile que traversait l’Algérie.
- Sa rencontre avec DJ Snake : Plus récemment, Zahouania a été vue en compagnie de DJ Snake, un autre artiste d’origine algérienne ayant conquis la scène internationale. Leur rencontre symbolise le passage de flambeau entre deux générations de musiciens ayant des racines communes, mais des parcours très différents. Ils ont partagé des moments conviviaux, rendant hommage à la culture algérienne.
L’héritage de Zahouania
Aujourd’hui, Cheba Zahouania reste l’une des artistes les plus respectées du raï. Elle continue à se produire sur scène, à enregistrer des albums et à défendre la musique raï. À travers son parcours, Zahouania a su briser les barrières de genre et de culture, tout en contribuant à populariser une musique autrefois marginalisée.
Avec plus de 40 ans de carrière, elle reste une source d’inspiration pour de nombreux artistes. Toujours fidèle à ses racines, Zahouania incarne la résilience et la passion qui caractérisent le raï, et son influence s’étend bien au-delà de l’Algérie.
Cheba Zahouania est plus qu’une chanteuse, elle est une légende vivante, portant la voix de l’Algérie et du raï à travers les générations.